Démocratie et identité : repenser l’inclusion dans un monde pluriel

Aujourd’hui, tout se passe comme si quelques-un·es avaient le pouvoir de déterminer les appartenances légitimes ou non au sein de la société. Ce pouvoir leur permet de catégoriser les membres d’une population selon des critères subjectifs et arbitraires. Par exemple, ils peuvent décider que les femmes voilées ne sont pas rationnelles, les assimilant ainsi à d’autres groupes perçus négativement, comme les antivax ou les gilets jaunes. Cette distribution des « bonnes » et « mauvaises » appartenances crée des divisions artificielles et stigmatise des groupes entiers sur la base de jugements simplistes et souvent injustes.

Les frontières de la raison et des fausses symétries

Pour justifier ces jugements, on utilise la « raison » pour déterminer les frontières de la démocratie. On dit que celles et ceux qui ne pensent pas comme soi ne sont pas rationnel·les. Mais ces oppositions ne sont pas neutres. Elles sont faites pour hiérarchiser les groupes selon leur appartenance prétendue au camp de la raison. Le problème est que ces oppositions se fondent sur des arguments faussement rationnels et reposent sur de fausses symétries.

On oppose, par exemple, les femmes voilées à la laïcité, mais on ne dit rien des autres religions et des pratiques religieuses. On décrit les antiracistes contre les universalistes, alors que le principe d’égalité sur lequel se fonde la lutte contre le racisme est par nature universel. On préfère le « bon sens du boucher de Tourcoing », comme le dit Gérald Darmanin, aux sciences sociales accusées d’être militantes et idéologisées. On fait des défenseurs de l’environnement des ennemis de l’État, alors que celui-ci est garant de la protection de l’environnement. On oppose les manifestants contre la réforme des retraites à l’ordre public, alors que la démocratie est un espace de mobilisation. On dépeint les gilets jaunes comme aux antipodes de la France qui veut travailler alors que leur revendication concernant le pouvoir d’achat et le prix de l’essence. On dit que les blancs et les racisés sont différents, alors qu’ils appartiennent à la même société. On accuse les immigré·es d’être privilégiés au détriment des Français. Bref, on oppose l’« ordre » et le « réalisme » à la « décivilisation » et au « wokisme ».

Ces fausses symétries reposent sur la construction de groupes perçus comme figés, faussement homogènes, et sur de prétendus conflits entre ces groupes. Ces conflits sont artificiels. Ils sont utilisés pour justifier l’absence de réponses politiques aux injustices. Les critiques légitimes sont décrédibilisées.

Les injonctions descendantes et l’absence de dialogue

Ce processus de distribution des bonnes (raisonnables) et des mauvaises (irrationnelles) appartenances pose d’autres problèmes. Il crée des injonctions descendantes qui recouvrent la parole des citoyens qui ne peuvent pas exprimer leurs attentes. Où sont les cahiers de doléances du Grand débat national censés recueillir leurs demandes pour alimenter les prises de décisions politiques ? Il crée également une perception ahistorique de la vie sociale. C’est ce qui amène des idées telles que la « France éternelle » pour décrire un passé idéalisé qui n’a jamais existé. On ignore les logiques de territoires et la diversité des pratiques inclusives. On réduit les groupes à des caractéristiques qui effacent le pluralisme.

Repenser l’inclusion démocratique

Pour repenser l’inclusion démocratique, il est nécessaire de sortir de ces logiques et de cette rhétorique politique actuelles. Placer la culture démocratique au cœur de la société implique de respecter et d’écouter chaque individu. Il est crucial d’identifier ces logiques et de comprendre leurs impacts  pour la démocratie. Cela doit être un travail collectif qui implique tous les acteurs de la société. C’est ce qui permettra de dépasser les faux clivages « identitaires ».

La démocratie repose sur l’inclusion, où chaque personne doit être entendue et respectée, et où les différences sont valorisées. Plutôt que de diviser la société en groupes opposés, il est essentiel de travailler ensemble pour une société plus juste. En écoutant les critiques légitimes et en y répondant de manière constructive, la démocratie devient un espace de dialogue et de participation. La diversité, considérée comme une richesse, permet à la société de s’enrichir de différentes perspectives, favorisant ainsi l’innovation et le progrès. Les différences doivent être perçues comme des opportunités et non des menaces. Encourager les pratiques inclusives et innovantes ainsi que valoriser les initiatives locales et territoriales rendent la démocratie vivante et dynamique. Les citoyens jouent un rôle clé dans ce système démocratique; ils doivent être actifs, engagés, informés et éduqués, participant aux débats et aux décisions. La participation citoyenne doit être encouragée par la création d’espaces de dialogue et d’expression, permettant aux citoyens de se sentir concernés et impliqués. Finalement, la démocratie est un projet collectif qui repose sur la participation de tous. Travailler ensemble pour une société plus juste et inclusive est indispensable, en dépassant les divisions et les conflits artificiels, pour construire une société basée sur le respect et la solidarité.

Conclusion

En conclusion, repenser l’inclusion démocratique est essentiel pour une société plus juste. Sortir des logiques de division et de hiérarchisation, valoriser la diversité et encourager la participation citoyenne sont des démarches cruciales. La démocratie doit être un espace de dialogue et de participation. Ensemble, nous avons l’opportunité de construire une société plus inclusive et solidaire.